Cocorico !

Publié le par Sylvain

Pour ne pas faire comme tout le monde, je n'ai pas voulu crier cocorico avec la meute, lors de la venue à Pékin de ce bon vieux Lao Chirac, il y a maintenant deux semaines. Mais il y avait également une bonne raison: je gardais ma fibre nationaliste pour le festival international de Beida qui se tenait quelques jours plus tard.

Le principe de ce "festival" est simple : les étudiants étrangers présents sur le campus tiennent des stands où ils présentent leur pays. Me sentant, étrangement, plus proche des étudiants que des vieux profs rassis, je me suis joint au projet. Grâce à l'inépuisable énergie d'Emma, étudiante de l'Essec en échange à Beida, nous voilà sur notre petit bout de France, avec tout un stock de matériel pour le décorer, offert  généreusement (et sans la moindre arrière-pensée, bien sûr) par l'ambassade de France.

Attention, accrochez-vous, matériel de compétition : les inévitables affiches vantant les fromages de la France, les cartes des vins, et même une tour Eiffel dans un verre de vin, bref, ces oiseaux-là ne reculent devant rien pour convaincre les Chinois de la supériorité de la civilisation française. Ajoutez à l'ensemble une tripotée de mignons petits calicots bleu-blanc-rouge, et vous commencerez à avoir un aperçu de la chose.

Comme tout ça était un peu terne - le frometon, ça va bien deux minutes, mais faut pas pousser - on a customisé l'endroit. Et là, on n'a pas fait dans la demi-mesure : photos de Zidane, affiche d'Amélie Poulain, et même, il le fallait bien, une photo d'Hélène Rollès (vous vous souvenez? "Hélène, je m'appelle Hélène, je suis une fille, comme les auuuutres.." Ah, et après ça, qui dira que la culture française manque de raffinement?), véritable idole ici; il ne faut reculer devant aucun sacrifice pour sauver l'honneur de son pays...

Et nous voilà donc, pauvres étudiants français, ainsi que quelques chinois, installés sur notre stand un samedi matin à l'heure où d'habitude on rentre de soirée, habillés tout en Bleu-Blanc-Rouge, sur un stand tellement Bleu-Blanc-Rouge qu'on se serait cru à quelque salon de l'Etudiant, sur le stand de la Police Nationale...

Mais le stand, ça n'était que la première partie du boulot. La deuxième étant de distribuer brochures et documents de toutes sortes aux Chinois. Or il faut savoir que l'étudiant chinois est papivore, qu'en tout cas il en présente tous les symptômes : frénésie à s'emparer de brochures écrites dans une langue qu'il ne comprend pas (c'est vrai qu'il y a les photos de Catherine Deneuve, ça compense), suées, comportement maniaque... Peu importe ce qu'on lui donne, il prend sans regarder, accumule, et en redemande.

Mais finalement, le plus étonnant, c'est sans doute le décalage entre la beauté, plus que relative, de notre stand (ambiance Police Nationale, donc), et la foule qui s'y pressait. C'est dans des moments comme ceux-là qu'on se rend compte, très concrètement, que "l'image de la France", son prestige, etc, ne sont pas (que) de vains mots. Les pauvres Espagnols, sur le stand voisin, magnifiquement décoré, n'attiraient que les maniaques de la brochure. Tandis que chez nous, le public était beaucoup plus diversifié. Il y avait ceux qui tiennent absolument à se faire photographier avec un étranger; peu importe de lui adresser la parole, l'essentiel est de pouvoir, le soir venu, épater la galerie ("tu as vu ça, un Blanc!"). Il y avait aussi ceux qui réclament des explications sans fins sur la bouffre française, sur la fabrication de la moutarde, ou encore sur la différence entre le beurre et le fromage (et là, vous avez intérêt à avoir de l'imagination...). Il y avait enfin les casse-couilles, comme cette étudiante qui voulait discourir sans fin sur les raisons de la défaite française en 1940, de Gaulle, ou que sais-je encore. Et, plus tragiquement, cette femme qui m'assaillait de questions pour savoir comment faire pour que son futur bébé ait la nationalité française, quel était le prix d'un accouchement en France...

Donc quoi qu'on en dise, la France fascine ces étudiants. Bien sûr, on pourrait se moquer sans fin des clichés sur lesquels repose cette fascination (il n'est qu'à voir leurs yeux émerveillés lorsqu'on leur montre un bête croissant, ou une baguette), mais après tout, nos stéréotypes sur la Chine ne sont-ils pas au moins aussi forts? Je vous laisse méditer sur cette banalité quelques jours, pendant lesquels j'irai me balader dans le Fujian. La suite si j'en reviens entier!

Publié dans lostinbeijing

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A
Louje, he mec (genial le ton ceci dit en passant, le he mec qui t interpelle pour etre a cote de la plaque, j adore, encore....) bin non mec, a cote mec, c est helene mec. allez mec, salut mec
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S
@ Louije: hé non, c'est bien l'unique, l'irremplaçable Hélène Rollès, qui fait un carton dans les supermarchés et les ascenseurs...<br /> @ Camille: les Tulou ça sera pas pour cette fois, même si ta vidéo m'en a donné bien envie. Cette fois-ci, c'était marionnettes et rites mortuaires... Mais patience, le récit arrive!
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C
rhoooo  m'enfin Sylvain ! c'est malin de contribuer au succès d'Hélène Rolles en Chine ! bon sinon j'ai bien ri en lisant ton post, merci, et bon voyage dans le Fujian, tu vas voir les Tulou ??
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L
Hélène de la chanson, c'est pas plutot Hélène Ségara, mec ?
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R
Eh ben t'en fait des trucs sexy! Quand je pense qu'à en-scène tu ironisais sur le BDE... je rigole doucement...
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