Où je passe ma vie avec Chirac...

Publié le par Sylvain

 

Me fallait-il vraiment venir jusqu'en Chine pour rencontrer Chirac? Sans doute pas. Mais une fois que je le tiens, le bonhomme, je ne le lâche plus. Voir Chirac en vrai deux fois en moins de 24h, c'est mon exploit de la semaine, tant il est vrai qu'en véritable Bob Morane des temps modernes, je ne recule devant aucun sacrifice. Premier sacrifice: la réception offerte par Jacques et Bernie en l'honneur de la communauté française au Peninsula, plus grand palace pékinois, hôtel favori de Bush père.

Mes papilles en sevrage de Saint-Nectaire et de Bourgogne en frétillaient à l'avance. Pensez donc, un bon vivant comme Chirac, inconditionnel de la tête de veau (ce qui nous fait un point commun, c'est déjà ça), il va mettre les petits plats dans les grands, me disais-je naïvement.

Grave erreur, car 1600 pique-assiettes, ça fait du monde (à peu près 1600 estomacs, selon toute logique). Une demi-heure à peine après l'ouverture du buffet, plus rien: la réception aurait été organisée au Darfour que les petits fours n'auraient pas eu plus de succès. Côté champagne, même pénurie, savamment organisée j'en suis sûr, afin de ne point dilapider de façon irresponsable l'argent du brave contribuable français. Après une demi-heure, les serveurs ne proposaient plus que de la vulgaire Tsingtao tiède. Les palaces ne sont plus ce qu'ils étaient, décidément...

Le lendemain (autrement dit aujourd'hui), voilà-t-y pas que Chirac passe à Beida, avec tout le beau linge, Thierry Breton, Douste-Blabla, et même Raffarin (c'est sûr que ça lui fait une sortie, le pauvre, il doit s'ennuyer). Au programme: un discours devant un public d'étudiants soigneusement sélectionnés, avec quelques animateurs pour lancer les applaudissements en temps voulu. Je m'en serais voulu de passer à côté d'une telle séance de langue de bois. Et de ce point de vue, on peut dire que je n'ai pas été déçu.

Tout d'abord, le couplet habituel sur "la maison brûle", la nécessité d'une croissance maîtrisée, blablabla. Chirac qui joue à Super-Ecolo, ça m'a toujours fait marrer. Mais il ne s'est pas limité à ça: après avoir (mais rapidement, pour ne fâcher personne) fait les gros yeux aux Chinois qui ne montrent pas beaucoup d'empressement pour appliquer les sanctions contre la Corée du Nord votées par l'ONU, Chirac laisse, grand prince, la parole à la salle. La première question portait - bien entendu - sur Zidane et la finale de la Coupe du Monde. Mais, plus amusant, voici ce qu'à la  fin Chirac a répondu à une étudiante qui réclamait davantage de visas pour venir étudier en France:

 

J'apprécie beaucoup les promesses généreuses ("un accroissement important"), qu'il se garde bien de chiffrer. Etrangement, quand, à la sortie, j'ai expliqué cela à des journalistes chinois qui me demandaient mes impressions sur le discours, ils n'ont pris aucune note...

Allez, une dernière photo pour la route: Chirac qui, malgré les apparences, n'est pas du tout en train d'envoyer un texto à Bernie, mais qui se galère avec son oreillette...

Publié dans lostinbeijing

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L
Il est fort notre président, il trouve toujours une réponse à tout.  C'est vrai que des étudiants chinois il y a en de plus en plus. Je me souviens dans la résidence universitaire ou j'habitais il y avait énormement de chinois, et beaucoup moins de japonais et coréens pour rapport aux années précèdentes. En tout cas ton blog est très intéressant, je te souhaite une bonne continuation.
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S
Ya pas eu des masses de question, mais c'était déjà ça, vu que la conférence de presse conjointe Chirac-Hu Jintao s'est transformée en simple déclaration : les Chinois n'avaient aucune envie d'avoir une question impertinente sur la fusillade au Tibet. <br /> Ici, le public était bien poli, et applaudissait Chirac à chacune de ses réponses. Parmi les autres questions, il y en a eu une sur l'élargissement de l'UE et la Turquie, et une sur la recherche que je n'ai pas bien comprise, et visiblement Chirac non plus d'ailleurs...
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A
Sacre Chhirac... s'il y a un truc qu'on ne peut pas lui reprocher, c'est bien qu'il nous fait bien marrer...C'etait quel genre de questions, a part les visas et Zidane ?
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